JOP 2024 : la mobilisation générale pour la sécurité olympique ?

Dans les tranchées de la Grande Guerre, les soldats se préparant à l’assaut n’étaient que rarement professionnels. Cordonniers, garçons-bouchers, instituteurs et autres agriculteurs constituaient les forces vives des armées qui s’affrontaient. Alors que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 approchent, la tentation de la mobilisation générale se fait sentir, pour pallier aux défaillances en termes d’effectifs dans la sécurité privée. Explications.

C’est un décret qui risque de faire couler beaucoup d’encre : signé le mardi 28 mai 2024 et inscrit au Journal officiel le lendemain, le décret n°2024-483 doit entrer en vigueur en amont des olympiades. Son contenu : la permission pour les agents publics et les ouvriers de l’État d’exercer, en parallèle de leur métier, une activité de sécurité privée, pendant la durée des Jeux de Paris. En clair, face aux abyssales lacunes en termes de sécurité privée, il conviendra de faire appel à du personnel non-formé, dont ni le métier, ni l’ambition, ni la vocation n’est d’assurer la sécurité d’un site, encore moins dans un cadre événementiel.

« Un ratissage dont la largeur est à la mesure de la défaillance constatée dans l’organisation des JOP 2024 en matière de sécurité. »

Le 18 mai 2024, nous évoquions dans nos colonnes la piste, envisagée par l’État, de substituer des gendarmes et des policiers aux agents de sécurité privée, pour faire face au manque flagrant d’effectifs recrutés. Le décret n°2024-483 va dans ce sens, puisque c’est à des agents publics – donc des fonctionnaires – que la mesure pourrait s’appliquer. Le panel est toutefois bien plus large ici : sont en effet concernés les employeurs publics, mais aussi des agents issus des trois versants de la fonction publique (d’État, territoriale et même hospitalière), et jusqu’aux ouvriers de l’État. Un ratissage dont la largeur est à la mesure de la défaillance constatée dans l’organisation des JOP 2024 en matière de sécurité.

Outre l’affront porté aux professionnels de la sécurité privée, des questions évidentes se posent : un agent public non-formé est-il apte à assurer la sûreté d’un site extrêmement fréquenté ? De prendre la responsabilité de la sécurité de son public ? D’assurer une évacuation ordonnée ? De prévenir un acte de malveillance ? De filtrer, de gérer une foule avec efficacité et déférence ? Ces gestes quotidiens auxquels les personnels des sociétés de sécurité privée sont habitués, sont formés, sont rompus, viendront-il aussi naturellement et rapidement aux autres corps de métier ? Des questions qui laissent perplexes face à l’ampleur des enjeux sécuritaires qui nous attendent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *