JO 2024 : à qui profite la prime ?

1000€ brut à la RATP, 4,68% d’augmentation chez les contrôleurs aériens, jusqu’à 1900€ pour les éboueurs : les Jeux olympiques de Paris 2024 ne sont pas avares de cadeaux, primes, conditions améliorées et autres outils pour acheter la paix sociale et la bonne volonté des travailleurs. Une question se pose alors : qu’en est-il de la sécurité privée ? Avec des agents en première ligne face aux enjeux de sûreté, ces travailleurs de l’ombre sont en droit de se demander s’ils ne sont pas devenus les dindons de la farce…

C’est une valse à plusieurs temps qui dure depuis quelques mois, entre le Gouvernement, le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, et les acteurs des secteurs les plus concernés par le déroulé des jeux. Chaque semaine, la presse se régale de ces affrontements passifs-agressifs, qui poussent syndicats après syndicats à menacer de se mettre en grève au mois d’août 2024, espérant ainsi obtenir des valorisations salariales ou d’autres natures. Et ça marche : à la SNCF, le syndicat des contrôleurs se vantait récemment d’avoir virtuellement effacé les effets de la réforme des retraites sur leur profession, en obtenant des garanties de départ anticipé contre leur participation aux Jeux. Quelques semaines plus tôt, les contrôleurs aériens avaient déposé leur propre préavis. Résultat des gains : une augmentation de salaire de près de 5%, qui doit se pérenniser au-delà de l’événement.

La discipline sportive du bras de fer entre syndicats et pouvoirs publics n’en est pas à sa première apparition olympique : les jeux de Sydney 2000, d’Athènes 2004, de Londres 2012, de Rio 2016 et de Tokyo 2020 avaient été des cas d’école à leur manière. Des chauffeurs des célèbres taxis noirs londoniens aux éboueurs brésiliens, tous étaient parvenus à faire céder leurs gouvernements respectifs pour s’octroyer primes, augmentations de salaires, améliorations des qualités de travail, etc. Ce n’est donc pas l’exception française qui se manifeste à l’approche de l’échéance, mais plutôt la logique continuité d’une pratique inhérente à ce type d’événements.

« Face à la menace terroriste, aux risques de malveillance, de mouvements de foule, de canicules et autres enjeux de sûreté comme de sécurité, ce sont eux qui seront notre bouclier. »

Pourtant, une nouvelle fois, un secteur, bien qu’indispensable, semble avoir été oublié – pour ne pas dire lésé – par cet élan de générosité publique. La sécurité privée, malgré son caractère essentiel et sa surexposition aux dangers comme à la malveillance, peine à faire entendre sa cause dans la cacophonie ambiante et la surenchère revendicatrice. À date, ce sont les demandeurs d’emploi candidats à une carrière (ou, à défaut, un quart d’heure de gloire) dans la sécurité qui sont l’objet de toutes les tentatives de séduction. Ces derniers se voient en effet attribuer une prime de 600€ sur le magot des JOP 2024, qui grimpe à 2000€ s’ils suivent une formation en vue de l’événement. Pour les professionnels du secteur déjà en poste, en revanche, un arrière goût de mépris de classe semble entraver la générosité olympienne. Aux agents de sûreté, ce ne sont pas des primes ou des augmentations que l’on fait miroiter, mais une gloire éphémère, qui s’envolera aussi vite que les touristes, la flamme olympique à peine soufflée.

Que faire ? Comment aider le Comité d’Organisation à reconnaître le caractère indispensable de celles et ceux qui seront en première ligne, dès le coup d’envoi des Jeux ? Faut-il s’adonner au chantage que certaines professions ont pratiqué sans vergogne ? Ou rappeler que, face à la menace terroriste, aux risques de malveillance, de mouvements de foule, de canicules et autres enjeux de sûreté comme de sécurité, ce sont eux qui seront notre bouclier ? Affaire à suivre…

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