Euro 2024 : quels enjeux sécuritaires en France ?

Les pouvoirs publics peuvent souffler : contrairement à l’Euro 2016, qui avait mobilisé dix villes de France et qui se déroulait dans un contexte sécuritaire tendu (entre les attentats de Paris de novembre 2015 et ceux de Nice du 14 juillet 2016), la compétition édition 2024 les concerne moins. De fait, cette dernière se déroule en Allemagne et beaucoup moins de fan-zones ont été installées. Pourtant, les forces de sécurité privée sont sur le pont.

En 2016, la question des fan-zones avaient été au coeur des débat dans l’hexagone : créer des lieux de rassemblement pour des milliers de supporters, alors que la France était la nation la plus sujète au terrorisme paraissait irresponsable. Pourtant, la compétition s’est déroulée sans incident majeur (à part un certain but du Portugais Eder à la 109e minute lors de la finale contre les Bleus) et les fan-zones ont connu un succès retentissant, mêlant une ambiance électrique à une sérénité bon enfant. Huit ans plus tard, alors que cette même compétition se déroule outre-Rhin et que le risque terroriste est notoirement moins élevé, les fan-zones semblent avoir perdu de leur notoriété. 

De fait, aucune ville majeure n’a souhaité en installer. Toute à sa préparation des Jeux olympiques et paralympiques, la Capitale avance des raisons organisationnelles difficiles à contester – mais elle n’est pas la seule à bouder la pratique, pour des motifs divers. A Lille, c’est la préfecture qui a mis son véto, malgré les velléités de la municipalité et de la métropole. A Toulouse, on en “étudie encore la faisabilité” alors que le coup d’envoi de la compétition a déjà été donné. A Nice, Lyon ou Strasbourg, on confesse ne même pas avoir considéré l’option. En cause : un coup pour les municipalités et un “contexte sécuritaire instable”, lié notamment à la juxtaposition des élections législatives anticipées. 

« Deux villes ont aussi choisi de faire l’impasse sur les premiers matchs et de n’organiser des diffusions publiques que si les Bleus atteignent les demi-finales. »

Seules quelques villes semblent avoir été emportées par l’enthousiasme souvent synonyme d’événement sportif planétaire. Le Havre fait ainsi figure d’exception : c’est la seule ville de France à avoir installé une fan-zone en amont de la compétition. Des agents de sûreté et de sécurité ont ainsi été mobilisés, dès le soir d’Autriche-France, au stade Océane (le stage du HAC, le club de football professionnel du Havre). La fan-zone est d’ailleurs bien ficelée et bien protégée : un espace clos, filtré par des ADS et dont les portes ferment une heure avant le début de l’événement, alors que près de 3000 personnes sont attendues.

D’autres villes ont par ailleurs prévu de suivre l’exemple des Normands, notamment Nancy et Nantes. Mais ces deux villes ont aussi choisi de faire l’impasse sur les premiers matchs et de n’organiser des diffusions publiques que si les Bleus atteignent les demi-finales. Un pari risqué, si on se réfère à la contre-performance des hommes de Didier Deschamps lors de la dernière édition de l’Euro (défaite en huitième de finale contre la Suisse, en 2021). Une alternative intéressante – qui nécessitera par ailleurs des efforts en matière de sécurité – émerge dans certaines grandes villes : celle d’organiser des visionnages des matchs au cinéma. A Paris, le Grand Rex s’est porté volontaire et a missionné des sociétés de sécurité privée pour assurer la sûreté des rencontres. Le Prado de Marseille a même déjà donné le coup d’envoi de la pratique, avec 1200 spectateurs devant Autriche-France, lundi 17 juin. Une soirée qui s’est déroulée sans incident notoire, grâce à la vigilance des effectifs de sécurité privée déployés sur l’événement. 

Malgré le calme apparent, les agents de sûreté et de sécurité ont donc déjà chaussé les crampons et se tiennent prêts à assurer la protection des événements liés à l’Euro 2024. Or, plus les Bleus avancent dans cette compétition, plus la fièvre grimpera et les enjeux sécuritaires liés aux rassemblements se démarqueront. Déjà mobilisés par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, les hommes et les femmes qui opèrent dans la sécurité privée apportent déjà une dose de sérénité au monde du sport – bien que personne n’ait pu empêcher Kylian Mbappé de se briser le nez.

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